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" Dans ses vidéos, Élise Bérimont invite les personnes rencontrées à transposer leurs gestes quotidiens et à les vivre en rapport avec un lieu, en leur proposant de créer elles-mêmes une narration visuelle et symbolique in situ. Ici point de mise en scène où l’on s’égare dans des rôles attribués, chacun joue son propre personnage et l’interroge à sa manière par la mise à distance que le geste ritualisé rend possible en écrivant dans l’espace ce que l’artiste appelle une auto-mise en scène.

Tous ces plans séquences tracent des directions dans le temps, interrogent la relation entre une personne en mouvement et un lieu, sans jamais chercher à donner de réponse univoque au spectateur. Le rituel convoque la diversité des rapports au réel et rend possible une médiation du quotidien dans un espace temps ouvert. "Les rituels inventés avec les personnes que je rencontre tentent d’initier un détournement, une subversion du réel, en prenant appui sur un environnement et des gestes quotidiens" dit-elle.

"The Way it goes", plan-séquence filmé au centre de Ramallah en Palestine, pourrrait ainsi être une micro-fiction. Mais le personnage existe bel et bien dans le quotidien de cette ville et vient interroger une approche artistique qui fictionnalise le réel tout en se retrouvant parfois face à une réalité déjà vraisemblablement fictionnelle. Au-delà des vidéos produites, c’est la globalité d’une démarche qui se déploie dans la rencontre entre réalité et fiction, cherchant la part utopique de nos vies.

Ainsi le projet photographique et sonore intitulé "Amador enquête" part d’une volonté commune de l’artiste et d’un habitant de produire un geste : effacer les noms d’auteurs classiques français que portent les immeubles d’un quartier du Nord de la France tout en donnant la parole aux habitants pour écouter leurs propositions. L’imaginaire social, momentanément suspendu, laisse place à l’imaginaire individuel. La relation entre les deux apparaît conflictuelle, paradoxale et peut-être impossible ; elle pointe le caractère utopique d’un imaginaire commun. "

Extrait du texte écrit par Maya Mikelsone, commissaire de l'exposition


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